Le petit trio du Devon (UK) a bien grandi et est devenu un des groupes de rock les plus vendeurs de la planète, pas la peine de le présenter, vous avez tous un jour entendu au moins l’un de leur morceaux (et le premier qui répond « Starlight » prend ma chaussure dans la gueule). Avec Muse, grandeur rime depuis quelques temps avec prétention et malheureusement trop peu avec qualité. Leur dernier opus, intitulé The 2nd Law, en référence à la deuxième loi de la thermodynamique menant ainsi à un état de chaos programmé (c’est pas moi qui le dit, c’est Wikipédia), sort lundi prochain, découvrons ensemble ce qu’il a dans le ventre.
NB : Pour cette chronique, je vais essayer de ne pas faire mon fan aigri et donc de ne pas comparer cet album à la meilleure période du groupe qui est pour moi l’ère pré-2004.
REVIEW COMPLÈTE
01. Supremacy : Le disque démarre en fanfare avec une batterie puissante et une guitare qui n’est pas sans rappeler les débuts du groupe. Mais que nenni, nous retrouvons vite l’orchestration à la « United States of Eurasia » et que nous aimons tous (ceci est de l’ironie). Matthew Bellamy entonne son morceau avec une voix sensiblement différente de celle à laquelle il nous a habitué, plus profonde et grave, encore plus que sur « Uprising ». Il est accompagné par des tambours militaires et des choeurs, jusqu’au refrain où le falsetto et une instru bien lourde nous montre que non, Muse n’est pas tout à fait mort (mais presque). Je vous fais grâce du solo chiant comme la pluie et de ce moment ridicule où notre bel ami s’envole dans des « wowowohhh » à grands renforts d’échos et de réverbération, accompagnant cette fois une instru médiocre. Dernier rebond avec un passage plus énergique, sonnant comme une sorte de petit frère malformé de l’outro de Mircrocuts.
02. Madness : « Mamama mama mamama maa-maa-maa » – Non, je vous arrête, vous n’écoutez pas du Boney M, mais bien le morceau dont Matthew Bellamy est le plus fier (je n’invente rien, il l’a vraiment dit). Pour tout vous avouer, j’ai eu beaucoup de mal à m’y faire, mais à force d’écoute (qui a dit « bourrage de crâne » ?), je me dois d’être honnête et, quitte à perdre toute crédibilité à vos yeux, de dire que cette chanson n’est pas si horrible. La profondeur à partir de trois minutes est vraiment sympa, et rien que pour ça, ce titre est plutôt bon. Toutes proportions gardées bien sûr.
03. Panic Station : Un morceau étonnant, sautillant, très funky, et sur lequel on se surprend à remuer la tête en rythme (vous savez, comme les petits chiens sur la plage arrière des voitures de beaufs). « Panic Station » est efficace, Matthew s’éclate, pousse même de petits cris (de joie j’espère), en résulte une chanson vraiment cool. Surprenante, mais dans le bon sens du terme.
04. Prelude : Comme son nom l’indique, ceci est un… prélude ! Si vous avez entendu « Survival » avant sa diffusion aux J.O., vous connaissez. Rien d’extraordinaire, c’est court, instrumental, et ça sonne déjà-vu.
05. Survival : MA chanson préférée de Muse (là aussi je dois préciser l’ironie ?). Je ne sais même pas quoi dire sur ce morceau tant tout est grandiloquent, Queenesque, grandiloquent, surjoué, grandiloquent et sur-dramatique. Ai-je précisé que c’était grandiloquent ? Bon, le groupe a dit « oui alors on a fait exprès de faire quelque chose de très dramatique pour les J.O. », mais je soupçonne Bellamy d’avoir raconté ça pour se défendre après avoir vu les avis des internautes déçus sur YouTube.
06. Follow Me : Une introduction trop surjouée, mais à la première minute l’instru électro se révèle particulièrement efficace, atteignant son apogée sur les refrains. Une réussite, qui s’écoute à fond dans le casque – ou mieux, dans les enceintes, pour en faire profiter les voisins.
07. Animals : La basse. Non mais sérieusement. CETTE BASSE QUOI. Emporté par cette ligne fluide et presque douce, la voix de Bellamy vient se poser sans encombre, une guitare très légère également, ainsi qu’une batterie très très soft. On y verra un croisement d’Invincible, de Screenager (pour le crenscendo de la voix), et de je ne sais pas quoi pour la basse. En tout cas, c’est cool.
08. Explorers : Une berceuse malheureusement beaucoup trop faiblarde pour être intéressante.
08. Big Freeze : Souvenez-vous, pour « Panic Station » je parlais de surprise dans le bon sens du terme, et bien voici sa jumelle maléfique, la surprise dans le mauvais sens du terme. « Big Freeze » est un morceau pop-rock insipide et surtout un copié-collé des tubes de U2. Ça a sans doute sa place dans un stade, mais pas dans mes oreilles. On zappe.
09. Save Me : Sur ce morceau, c’est le bassiste (en réalité multi-instrumentiste) Chris Wolstenholme qui vole la vedette à Bellamy en interprétant l’un de ses propres morceaux. J’avais adoré la voix de Chris sur un live de The Small Print, mais là, j’ai beau faire un effort, ça ne passe pas.
10. Liquid State : Chris est à nouveau au micro sur ce morceau, qui est une sorte de sous-Queens Of The Stone Age, en moins réussi et avec la voix de Chris. Non, rien à faire, je ne peux pas.
11. Unsustainable : Sorti en avant-première sur le net il y a quelques mois (il me semble même qu’il s’agissait du premier extrait de l’album), « Unsustainable » démarre sur une instru classique qui n’est pas sans rappeler « Exogenesis part. 1 » pour partir sur un pur morceau de… dubstep. Je sais, ça surprend. Au début j’ai trouvé ça dégueulasse, puis je m’y fais. À croire que je deviens tolérant.
12. Isolated System : L’album s’achève sur un morceau qui est sans doute le plus agréable de l’album, sorte d’hybride entre musique classique et électronique, ayant un air de famille avec le trip-hop d’Archive.
CONCLUSION : 09/20
Rien à faire, je n’arrive pas à accuser le coup. En bon fan de Muse, j’ai toujours cette rancoeur de voir tout ce potentiel gâché au profit d’une musique qui n’invente rien, au contraire qui pompe ouvertement les grands groupes mythiques de la scène pop-rock. Mis-à-part cet aspect, The 2nd Law paraît plus assumé, plus abouti et globalement plus réussi que son grand frère The Resistance. Alors oui, ils se sont éclatés à enregistrer cet album, mais la suite ? Je pense sincèrement que Muse est mort, et que la meilleure chose qui puisse désormais arriver à leur musique est la séparation du groupe, avant de détruire à jamais leur image de groupe novateur et visionnaire, déjà bien écornée.
Ma sélection : Panic Station, Follow Me, Isolated System
Muse – The 2nd Law // release le 28 septembre 2012 chez Warner
Même si je serais globalement (légèrement) moins sévère sur le jugement d’ensemble, je rejoins parfaitement le sentiment général de cette analyse. D’ailleurs, avant de lire cette review, j’ai laissé la mienne sur MM où j’écrivais que, rien à faire, Muse (celui qui m’a fait chialer, crier, triper…) se meurt depuis Abso.
Donc je comprends le feeling de l’auteur, que je partage. Muse a atteint l’apogée en 2004 (Glastonburry et la tournée 2003-2004 en général – j’étais au concert au théâtre antique de Vienne 2003, quel souvenir…) : en gros cette année, avec du recul, on aurait du leur dire : « Merci messieurs, on s’arrête là-dessus et on se retrouve au paradis pour revivre encore et encore ces 5 années passées à vos côtés… »
Après moi aussi en bon fan de Muse je me montre tolérant après plusieurs écoutes de qques songs de The 2nd Law. Sauf qu’autrefois, il ne fallait pas plusieurs écoutes… et au-delà de ça la première écoute ne me rendait pas tolérant mais amoureux (un peu de poésie bien lourdingue je sais 😉 )
Je respecte leur(s) choix, mais j’ai pris un chemin autre que le leur, dommage….
Hmmmm….je suis très sceptique sur cet album.
Je ne vais pas jouer les éternels fans boys OOS-istes a ne faire que dire « qu’avant c’était mieux » (même si je ne peux que le penser), mais j’ai beaucoup de mal avec cet album.
Je ne dirais que je n’aime pas, mais je sens qu’il faudra que je m’en gave pour l’apprécier vraiment.
Ca m’avait déjà fait ca avec Resistance, mais j’ai senti au départ que je pouvais franchir un cap quand même, alors que là j’ai quelques 3-4 morceaux qui vont peut-être finir par me plaire vraiment, le reste je ne pense pas, à voir à la longue mais ça m’étonnerait.
On sent clairement la situation familiale qui s’installe pour beaucoup surtout Mat-U, c’est normal et le cheminement de la vie, mais là quand on écoute chronologiquement les albums on voit bien le cheminement de vie, et que ce n’est plus ça, me concernant en tout cas…
Au moins je pourrais les féliciter d’avoir osé franchir certains terrains conquis pour tenter l’aventure là ou la victoire n’était pas donnée, mais sans grand risque pris au final je trouve.
Et à vaincre sans péril….
C’est la première fois que je me demande ce que je vais ressentir à leur tournée pendant le concert, si ça va me plaire ou pas, n’ayant pas envie d’être gavé de titres de cet album.
A suivre, mais du coup je m’interroge méchamment sur la suite…
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The resistance n’est pas un album parfait, il a quelques petits défauts. Mais alors celui-ci c’est la déconfiture totale, j’aime bien Panic Station, mais je ne peux pas saquer Madness.
En effet, après plusieurs écoutes, Madness est sympa.
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